L'intervention de Fatma Adda : Claude nous a présenté de manière simplifiée les mécanismes du réchauffement climatique, moi je vais vous parler de ses conséquences sur l'homme et sur son environnement. Le réchauffement est maintenant un fait indiscutable.
Les signes sont chaque jour plus pressants : qu’ils s’agissent d’ à coups du climat, d’ouragans (à l’échelle mondiale, les ouragans ont atteint les catégories 4 - caractérisées par des vents soufflant entre 210 et 249 kms/h- et 5 -caractérisées par des vents soufflant à plus de 249 kms/h- depuis 1970, en particulier dans les océans Pacifique Nord et Sud-Ouest, et dans l’océan indien, ou d’inondations, ou des phénomènes plus lents mais tout aussi inexorables comme la fonte de la calotte glaciaire ou l’avancée de la désertification. Et en se faisant le plus cruellement sentir parmi les sociétés les plus pauvres. Nous sommes confrontés à une double crise : sociale et écologique, qui s’interpénètrent et se renforcent l’une l’autre.
On en perçoit les effets :
1) Le réchauffement climatique au niveau planétaire est une réalité que plus personne ne nie : c'est une évidence
- La fonte glaciaire : Les mesures satellites enregistrent une accélération de la fonte des glaces bien au-delà des prévisions. Environ 90% des glaciers rétrécissent. L’étendue annuelle des glaces a diminué de 2,7% par décennie dans l’océan Arctique. La calotte groenlandaise a perdu environ 1 500 milliards de tonnes de glace entre l’an 2000 et 2008. Une dégradation des parties sud des pergélisols ou permafrosts (sols et sous-sols gelés en permanence) a été observée en Amérique du Nord, sur le plateau tibétain et un peu dans le Nord de l’Europe. A noter que les permafrosts renferment deux fois la quantité de carbone contenue dans l’atmosphère. (Question les pergélisols vont-ils massivement fondre et larguer de grandes quantités de gaz à effet de serre ?.) A court terme, la fonte des glaciers de l’Himalaya augmentera encore le risque d’inondation et d’érosion des sols et s’accompagnera de glissements de terrain au Népal, au Pakistan, dans le Nord de l’indes, et au Bangladesh, pendant la saison des pluies.
- La montée des eaux : conséquence de la fonte des glaces Le Bangladesh est l’un des pays le plus durement éprouvé par le réchauffement climatique. Sécheresse, dérèglement de la mousson provoquant des inondations entre mai et octobre, élévation du niveau de la mer. Les digues sont de plus en plus souvent débordées. Ceci pousse l’eau salée de plus en plus loin dans les terres, ce qui a pour conséquence de stériliser les sols et de polluer les nappes phréatiques. Pour pallier aux mauvaises récoltes de riz liées à la salinisation des sols, des entrepreneurs avisés remplacent la riziculture traditionnelle par des élevages de crevettes : un modèle rentable mais catastrophique pour l'équilibre socio-écologique.
Plus de 17% de la superficie totale du pays pourrait être engloutie par l’élévation du niveau de la mer. On estime que dans les dix prochaines années, il y aura 200 millions de réfugiés climatiques, dont 20 millions, viendraient du Bangladesh. Ce sont des flux qu’il faudra organiser. La submersion d’îles a déjà créé des centres de réfugiés.
Victime et coupable : une nouvelle injustice pour ce pays en développement : alors qu’il n’émet en moyenne que 0,2 tonnes de CO2 par an contre plus de 20 tonnes pour les Américains, il devrait assumer plus des 3/4 du coût des dommages causés par le changement climatique.
- La sécheresse Dans certains pays d’Afrique, les récoltes pourraient baisser de 50% d’ici à 2020. Selon les évaluations nationales, le changement climatique aboutira à une réduction des cultures de subsistance : notamment du millet, du sorgho au Soudan, en Ethiopie.., du maïs au Ghana et des arachides en Gambie. Des terres agraires seront également perdues. Et qui dit famine, dit conflit. Le rapport du groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit que dès 2020, entre 75 et 250 millions d’Africains souffriront du manque d’eau directement provoqué par le changement climatique.
Les dérèglements climatiques entraînent, selon l’OMS, malnutrition qui serait à l’origine de 3,7 millions de décès chaque année, diarrhée (1,9 million) et paludisme (0,9 million).
En Asie, les récoltes devraient également diminuer d’au moins de 30%.
2) Le réchauffement au plan français Des espèces végétales bouleversées : la période de croissance des plantes a augmenté (d’un mois à Nancy) et a récolte du blé a été avancée de 3 semaines en quelques décennies.
Le maïs parvient à faire son cycle complet dans le Nord de la France.
La forêt bourgeonne avec une 10 de jours d’avance au printemps par rapport aux années 1950.
La floraison de la vigne est de plus en plus précoce, les vendanges ont lieu 3 semaines d’avance. Les conditions plus chaudes pendant la maturation du raisin provoquent un déséquilibre croissant de la qualité du vin, entre alcool et acidité.
3) Au plan régional et local En Midi-Pyrénées et la chaîne montagneuse (le Gers est donc intéressé), ce réchauffement est une réalité qui se traduit par certains signes qui ont été observés (on parle de « marqueurs ») :
a) les T° se sont accrues de 1,1° en moyenne, au cours du XX° siècle.
b) la superficie de la trentaine de glaciers est passée de 23 km carrés à 3,5. Dans 40 ans, il n'y aura plus un seul glacier pyrénéen !
c) les pluies hivernales ont augmenté tandis que les estivales et l'enneigement ont diminué.
d) le grand papillon « Apollon » a quasiment disparu.
e) le hêtre qu'on trouve dès 700m d'altitude a tendance à remonter vers plus de fraîcheur et d'humidité. Donc, décalages dans l'étagement des espèces forestières... A terme, logiquement, c’est la disparition de l'étage alpin, donc des conifères ! Si le réchauffement est freiné, la flore et la faune pourront s'adapter, compenser la dégradation de la biodiversité. Des nouvelles formes de vie, la biodiversité est changée mais préservée.
Les inconvénients de ce réchauffement pourront être atténués, limités si nous parvenons à le freiner (avant de l'inverser peut-être) par les mesures qui s'imposent et qui devraient être annoncées à Copenhague. Le problème est de savoir de combien de degrés sera ce réchauffement : 2, 3, 4, 5 ou plus et en combien de temps : horizon 2020, 2030, 2050. Ces inconnues nous plongent dans une grande incertitude quant aux prévisions météorologiques. Tout le système climatique va changer car tous les paramètres du climat sont interdépendants : températures, régime des vents, courants marins etc. Donc cette incertitude commande la plus grande prudence : la seule chose qu'on sait c'est qu'il y aura des perturbations dont on perçoit depuis longtemps les menaces. L'atmosphère est un système instable, non linéaire. Les organismes vivants (flore, faune, espèce humaine) sont à la fois fragiles et résistants : fragiles si on les agresse, si on les stresse brutalement - ce serait le cas si le réchauffement n’était pas retardé ; résistants, au contraire, s'il se faisait lentement, sur une durée prolongée et à un niveau maîtrisé - dans ce cas les mécanismes d'adaptation auraient le temps d'opérer et les mutations des formes de vie se feraient en douceur et même avec bénéfice.
L'Humanité est devant une obligation, un pari : ralentir, stopper, la tendance au réchauffement : cela on peut le faire. D'où l'urgence d'une prise de conscience planétaire assortie de toutes les mesures drastiques propres à l'obtention de ce résultat.
Donc, il y a de l'espoir !