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10 mai 2018 4 10 /05 /mai /2018 20:22

Le 10 mai 2001, le parlement français bat en brèche le silence sur la traite et l’esclavage par le vote de la loi dite loi Taubira qui acte la reconnaissance par notre République de la traite négrière et de l’esclavage comme crime contre l’humanité. Notre Pays est l’un des rares pour ne pas dire le seul à avoir reconnu que les faits commis pendant cette période de l'histoire constituaient un crime contre l'humanité.

Depuis, l’oubli de ce passé se dit partout en France. Devoir de mémoire, commémorations, réparations sont les maîtres mots d’un déploiement d’actions.

Ici même dans le château de l'Isle de Noé, sont exposées chaque été des caricatures d’ Amédée de Noé, signées de son pseudonyme Cham, qui illustrent cette période de l’histoire. Ce caricaturiste a décrit par ses dessins les vies croisées de la famille de Noé avec son ancien esclave affranchi Toussaint Louverture, héros de l'abolition de l'esclavage à Saint-Domingue.

Je vous invite à les découvrir ou à les re-découvrir ainsi que le portrait en pied de Toussaint Louverture réalisé en 2017 par un artiste lislois que je citerai Dominique Bernier. Autre artiste Bessan Aureil venu du Benin pour nous faire découvrir son oeuvre émouvante "le navire négrier". 

A deux mois de cet événement, nous sommes donc réunis dans ce lieu de mémoire pour honorer en cette journée nationale le souvenir des esclaves et commémorer l'abolition de l'esclavage. 

Basé sur une idéologie raciste, le système esclavagiste était avant tout un commerce lucratif. C’est sur ces deux crimes contre l’humanité que sont l’esclavage et la traite que l’Europe a connu un développement sans précédent. La traite, plus grande déportation humaine de tous les temps, a duré près de quatre siècles. Elle est bien spécifique puisqu’aujourd’hui encore, les héritiers de cette histoire  conservent la marque de cette servitude qui entraîne auprès de certains mouvements extrémistes la justification du racisme qui ronge nos sociétés.

Aussi, parler de l'esclavage permet de prendre conscience du problème et de faire que notre pays se batte pour son abolition, là où malheureusement il existe encore. Ce que l’on appelle l’esclavage moderne continue de sévir, et ce au sein même de nos sociétés démocratiques. Se basant sur l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule que « nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. L’esclavage et la traite des esclaves sont interdites sous toutes leurs formes» , l‘organisme esclavage moderne recense nombre d’exemples qui en témoignent, de l’exploitation des travailleurs pauvres à la prostitution forcée en passant par le trafic d’enfants. Moins visible, moins formel, mais pas plus acceptable, on estime à 45 millions le nombre de ces victimes chaque jour à travers le monde. Parler de l’esclavage permet aussi de réaffirmer une égalité de traitement entre tous les habitants de France quelle que soit leur origine et leur confession . Et cette égalité entre citoyens construit notre démocratie.

C’est justement parce que le passé a été terrible qu’il ne faut pas le répéter mais l’appréhender pour tenir compte des leçons de notre histoire. Churchill  professait qu’« un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».


Les questions contemporaines n’ont pas de réponses certaines mais elles trouvent un miroir éclairant lorsqu’elles se posent en face du vécu.

 

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commentaires

J
A Mme Fatma ADDA<br /> Conseillère régionale<br /> Région Occitanie<br /> <br /> <br /> Madame,<br /> <br /> Peut-être vous souvenez-vous de mon épouse (Isabelle DONNADIEU) et de moi quand nous habitions Saint-Martin ?<br /> <br /> En complément de votre participation à la cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage à L’Isle-de-Noé, le 10 mai 2018, et aux coupures de presse que j’ai pu consulter, je souhaiterais, pour votre information, rappeler que je suis à l’initiative des commémorations du bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture à L’Isle-de-Noé en 2003 (initiative effectivement relayée par l’association « Cham fils de L’Isle-de-Noé » et par la mairie du village) et qu’il convient également de se souvenir du rôle essentiel de M. Luc Simon-Collonge (et de nos épouses respectives) dans cette entreprise.<br /> <br /> Si je me suis un peu éloigné du Gers (j’enseigne depuis quelques années au lycée Ozenne de Toulouse), je suis bien entendu ravi de voir que l’esprit de l’entreprise impulsée en 2001, concrétisée à L’Isle-de-Noé en 2003 par les cérémonies du bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture, continue de vivre et s’enracine dans la vie associative et politique gersoise, espérant que ce mouvement ira encore en s’intensifiant.<br /> <br /> Je peux vous signaler l’existence des deux livres suivants dont je suis l’auteur et qui vous donneront des précisions quant aux liens entre les Noé et Toussaint Louverture :<br /> <br /> -Un grand seigneur et ses esclaves, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2009<br /> (Prix Fetkann ! Recherche, 2009)<br /> <br /> -Toussaint Louverture, le Napoléon noir, Paris, Belin, 2014 (mention de l’Académie de Marine)<br /> <br /> J’ai par ailleurs publié neuf articles sur les liens Gascogne-Antilles dans le Bulletin de la Société Archéologique du Gers et continue des recherches sur cette thématique de l’esclavage.<br /> <br /> Si d’aventure la Région Occitanie envisage un jour d’organiser une action particulière sur cette thématique, je suis bien entendu à la disposition de cette institution au cas où elle souhaiterait faire appel à mes connaissances.<br /> <br /> Veuillez agréer, Madame, l’expression de ma considération distinguée.<br /> <br /> Jean-Louis DONNADIEU<br /> <br /> jlouisa@netcourrier.com
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